Les élections en République Démocratique du Congo : de la fable à l’amertume!!!
Depuis un an, des pouvoirs réputés inébranlables se sont effondrés, comme pour rappeler aux dirigeants politiques qu’il vaut mieux s’assurer d’avoir réellement le suffrage – l’adhésion – de leurs peuples, pour espérer gouverner sans craindre d’être chassé, comme Ben Ali, arrêté, comme Moubarak ou Gbagbo, ou lynché, comme Kadhafi.
Que disent les oracles ? Les élections gagnées à la faveur d’irrégularités patentes ne vous mettent à l’abri de rien ! Les victoires remportées sur une opposition muselée ou contrainte au boycott par un dispositif grotesque de fraude ne signifient rien ! Les scores vertigineux (70%, 80%, 90%) ne sont que vanité, si les populations qui vous les accordent sont tenues par la terreur ! Les scores inférieurs à la majorité qui vous font roi, parce que vous avez décidé, subitement, un jour, de changer le mode de scrutin pour une proportionnelle de convenance, sont tout aussi vains !
C’est de légitimité que l’on vous parle ! Le vote ne peut être une formalité que l’on expédie vite, dans une impréparation visible à l’œil nu, juste pour renouveler son bail à la tête d’un Etat, pour perdurer au pouvoir. Dans l’Afrique d’aujourd’hui, les élections approximatives, avec des irrégularités que l’on minimise, comportent plus de risques que d’avantages. La meilleure assurance contre une fin humiliante ou même tragique est de s’assurer que l’on tient sa légitimité de la majorité de son peuple, et que l’on gouverne bien.
Bien sûr, il y aura toujours dans l’entourage d’un chef d’Etat (surtout en Afrique), des courtisans, pour lui faire croire qu’il a le peuple avec lui, même quand ce n’est pas le cas. Mais lorsque les choses tournent mal, les foules en colère ne pourchassent pas les courtisans et les griots. Qui se souvient de Moussa Ibrahim, éloquent porte-parole du colonel Kadhafi, qui se mentait à lui-même et a menti, jusqu’au bout, à son maître ?
L’Histoire est en marche ! En lettres de feu et de sang, Mohamed Bouazizi en a écrit les premières lignes. Les peuples arabes et africains savent, à présent, que ce sont eux qui auront le dernier mot. Ils ont beau être écrasés par les tyrans, abusés par les despotes ou floués par les margoulins, l’heure a sonné pour chaque peuple de s’écrier : « nous n’avons plus peur ! Nous ne nous laisserons plus faire ! ». L’éditorialiste Jean-Baptiste Placard de la Rfi, parcourt l’histoire politique de l’Afrique à l’aube de sa longue marche fantasmagorique du continent vers la démocratie.
La République Démocratique du Congo à l’instar d’autres pays du Continent Africain, était au rendez-vous des élections en cette année 2011. C’est désormais une tradition pour ce pays de plus de soixante cinq millions des populations de se choisir tous les cinq ans leurs propres dirigeants. Sous pression et consensus des acteurs politiques, la Commission Electorale Nationale Indépendance tardivement installée, convoque anticonstitutionnellement les élections présidentielles et législatives ce 28 Novembre 2011. Face à une population majoritairement analphabète, affamée, pauvre, malade et malnutrie ; les candidats aux différents postes se livrent à une campagne identitaire basée sur le régionalisme et l’intolérance politique, par conséquent les violences émaillent toute la période pré et post campagne électorale, les dégâts sont énormes : Pertes en vies humaines et destruction méchante des biens ; la police nationale congolaise s’en prend aux populations civiles, les manifestants s’en prennent aux biens publics, les médias publics et privés sont pris en otage par un seul camp politique, c’est une véritable crise du leadership qui caractérise la période. Mais un hommage particulier doit être rendu à la population de GOMA s’étant de distinguée de par sa maturité politique. Les 09 et 16 Décembre 2011, de l’annonce des résultats provisoires à la proclamation définitive, par la CENI et la Cour suprême de Justice, le président sortant KABILA est réélu avec près 49% suivi de l’opposant historique TSHISEKEDI.
La classe politique congolaise de l’opposition, de la société civile, de l’église catholique et de la communauté internationale dénoncent les fraudes massives et les irrégularités ; les uns demandent l’annulation des élections, la médiation internationale et les autres s’autoproclament présidents en raison des résultats en leur possession. A la lecture de ce qui précède, il vrai que la RDC connait une crise d’élite et du leadership politiques, les militants sont initiés à la culture de l’argent facile et à la casse, la responsabilité incombe à ceux-là qui les aveuglent.
Arthur KAYUMBA OMAR et Gentil KASHALI